ASUNOES : Un modèle réussi d’intégration et d’épanouissement…

1. Historique
2. Présentation
3. Activités
4. Difficultés
5. Perspectives
6. Témoignages
7. Conclusion




1. Historique

L’O.N.G. Asunoes, qui signifie : « association universelle d’oeuvres pour l’épanouissement des Sourds » à été crée en 1993 à l’initiative de jeunes parents d’un enfant sourd, le couple SEKPON.
En effet, leur premier fils, GIFT, est devenu sourd très tôt, des suites d’une maladie.
A l’époque, la famille SEKPON vit à PORTO-NOVO, la capitale administrative du Bénin (ex Dahomey), pays situé en Afrique de l’ouest.
Cette ville ne dispose pas d’un centre éducatif pour enfants sourds et la jeune famille est contrainte de quitter PORTO-NOVO pour COTONOU, la capitale économique du Bénin et seule ville disposant d’une telle structure.
Florida, la maman, et son fils quittent COTONOU et rejoignent le papa, à PORTO-NOVO chaque fin de semaine.
GIFT est toujours très heureux de rentrer chez lui, à PORTO-NOVO car, en plus de retrouver sa famille au complet, un petit groupe d’enfants sourds du village (groupe qui s’est rassemblé on ne sait comment) lui rend visite. Les enfants passent, donc, tout le week-end ensemble, communiquant et s’amusant beaucoup. Mais le dimanche soir, à l’heure du départ vers COTONOU pour l’école le lendemain, c’est la désolation… Tout le monde est très triste et frustré de devoir se séparer et retomber ainsi dans la solitude du « monde du silence ».
C’est ainsi que Raymond, le papa, très ému de cette situation, décide de créer, à PORTO-NOVO, une association afin de permettre à ces jeunes sourds, du quartier et des environs, de pouvoir se regrouper et suivre leur scolarité auprès de leur famille.
Ainsi, ils pourront s’épanouir, comme tous les enfants ordinaires de leurs âges.
C’est donc en 1993, dans le salon du couple SEKPON, que le projet devient réalité avec la première classe d’une dizaine d’élèves sourds.
Raymond SEKPON est, aujourd’hui, directeur-exécutif du Centre.



2. Présentation

L’école, devenue un centre d’accueil et d’intégration pour Sourds, est située à LOUHO, dans un village à environ 3 kilomètres du centre de PORTO-NOVO.
Elle a, aujourd’hui, un effectif de 277 élèves dont la moitié sont des déficients auditifs. En effet, cet établissement pratique « l’intégration » c'est-à-dire qu’il rassemble Sourds et Entendants dans une même classe bilingue (Français-Langue des Signes), et ce, dès la première année du primaire.
Les enseignants sont au nombre de treize pour l’ensemble des classes.
Tout le personnel est formé sur place à la Langue des Signes (A.S.L.).

Il s’agit du seul centre qui dispose d’un enseignement secondaire pour Sourds dans tout le Bénin et dans la sous-région (Afrique de l’Ouest).
Le Centre intègre, dans la formation des élèves, des activités professionnelles.

Bibliothèque
Cela permet de maximiser les chances des jeunes à leur sortie de l’école.
Pour chaque atelier, un animateur responsable est en charge de celui-ci.
L’infrastructure comprend 12 salles de classes, de la première année primaire à la sixième année secondaire, une salle informatique,

Salle Informatique
Une bibliothèque, une infirmerie (cofinancée par Pharmaciens sans Frontières P.S.F.), un atelier de taillerie (couture), deux ateliers de tissage (celui des filles et celui des garçons), un atelier de mécanique-soudure, un réfectoire et deux dortoirs (un pour les garçons et un pour les filles) d’une capacité de cinquante lits chacun.



3. Activités

Les élèves prennent part à différentes activités qui se déroulent dans l’enceinte et aux abords de l’école : Il y a l’atelier de coupe (taillerie), qui dispose de trois machines à coudre.
C’est dans cet atelier que sont confectionnés les vêtements « modernes » (pantalon, chemises, jupes, robes…). Les uniformes des élèves sont également réalisés ici.

Atelier de Coupe (Taillerie)
Il y a deux ateliers de tissage : Ci-contre, celui des filles, qui tissent des pagnes traditionnels en utilisant du matériel rudimentaire.
Dans l’atelier des garçons, on réalise, sur des tissus modernes et au moyen de fils, des tentures représentant des pays (Bénin, Togo, France, Belgique…), des continents (Afrique, Europe), des motifs animaliers ou des objets cultuels retraçant l’histoire du Royaume du Dahomey (ancien nom du Bénin).

Atelier de mécanique et soudure
L’atelier de mécanique et soudure est équipé d’une machine traditionnelle pour la fonte des métaux. On y fabrique des portails, des grilles, des balustrades, des montants de lits etc.

Depuis peu, un nouvel atelier de photographie et d’audio-visuel est, aussi, créé.

Atelier de théâtre et de danse
La troupe s’est déjà produite dans différents pays (au Bénin, en France, en Belgique) et même remporté plusieurs prix.



4. Difficultés

Les difficultés sont, avant tout et surtout, d’ordre financier.
Le centre est une initiative privée et ne perçoit aucun subside de l’Etat.
Il doit donc pourvoir à ses besoins (frais de fonctionnement, salaire, infrastructure…) et à ceux de ses élèves (logement, nourriture, matériel).
Il fait face aux besoins par ordre de priorité et au gré des financements.
Ce qui rend la vue globale (nécessaire à tout projet) difficile et moins efficiente.
Pour parvenir à trouver des ressources, la direction fait appel aux partenariats, aux dons et, aussi, aux collaborations.
Vos dons pour ASUNOES (voir bulletin de virement en fin de brochure) seront les bienvenus, ainsi que toutes propositions de partenariats et/ou collaborations (contactez Monsieur SEKPON : sekpon_raymond@yahoo.fr).
Les activités professionnelles, proposées dans le centre, sont, également, une source génératrice de revenus.
Enfin, le parrainage des enfants sourds permet la prise en charge totale d’un enfant pour une année scolaire.
Le Directeur a estimé à 250€ le coût annuel pour un élève du primaire et à 325€ pour un élève du secondaire (voir document parrainage en fin de brochure)
D’autre part, la sensibilisation continue, auprès des parents, afin de faire prendre conscience de l’intérêt de scolariser ces enfants sourds et par là, de les inciter à s’acquitter des cotisations dues.
Sur le plan de l’encadrement, l’école souffre d’un manque d’enseignants. En effet, par rapport au nombre de classes, il faudrait plus de professeurs.
Les cours de remédiation scolaires sont difficiles à organiser.
La direction fait un effort particulier pour payer les enseignants pendant la période de congés scolaires afin de maintenir une équipe pédagogique stable et motivée.
D’ailleurs, avec la progression des élèves, certains, proches de l’obtention du
BAC, seront amenés à renforcer l’effectif des professeurs, parmi lesquels des
Sourds enseignant en Langue des Signes.
La maturation des enfants en adolescents et jeunes adultes n’est pas sans poser des problèmes. Les jeunes traversent des périodes délicates : la puberté et ses manifestations, les difficultés liées au choix de l’orientation, etc. Tout cela, le staff actuel ne peut y faire face.
Le centre a donc besoin d’un travailleur social. C’est pourquoi, dès la rentrée prochaine, une étudiante malentendante sera formée pour devenir assistante sociale et elle sera chargée du volet social du centre.

Pour les difficultés d’ordre environnemental, il s’agit essentiellement des problèmes liés aux moustiques (le Paludisme).
La meilleure protection est et reste l’utilisation de la moustiquaire imprégnée.
Toutefois, une fois malade, il existe des médicaments efficaces, sur place, mais fort coûteux (par ex. Alfan).
Le centre a besoin d’une aide financière pour l’achat de moustiquaires pour protéger les enfants pensionnaires du paludisme.



5. Perspectives

Ce centre, ayant pour objectif principal l’épanouissement des Sourds doit encore mettre en oeuvre plusieurs stratégies pour y parvenir.
Les perspectives fixées, à court terme, sont :
-Accompagnement des élèves sourds pour l’obtention du Baccalauréat ;
-Renforcement des travaux dirigés (rattrapage) pour les élèves, en cours d’année ;
-Formations continuées, pour les enseignants, pendant les vacances scolaires ;
-Promotion du métier d’enseignant auprès des Sourds ;
-Production d’outils pédagogiques spécifiques pour l’apprentissage des élèves sourds afin d’améliorer leur perception de la matière apprise ;
-Soutien des élèves capables et désireux de le faire, d’aller jusqu'à l’université avec l’aide d’un camarade entendant de sa classe ;
-Insertion professionnelle des jeunes en fin de formation ;
-Renforcement des collaborations et échanges pédagogiques ;
-Poursuite du parrainage des enfants sourds ;
-Poursuite et développement des échanges culturels et artistiques, faisant suite à leur représentation en France (voir photo) ;
-Soutien à la formation et aux stages qualifiants ;
-Ouverture à l’apprentissage de la Langue des Signes Belge.



6. Témoignages

1) Olohounto
Olohounto, sourde de naissance, était enfant quand son père l’a amenée au centre. Il demandait qu’on prenne cette petite en charge, parce que, disait-il, il ne pouvait rien faire d’une fille (tout investissement en elle serait perdu lors de son futur mariage) et sourde qui plus est !
Raymond, le directeur, raconte avec tendresse qu’elle ne voulait pas rester et pleurait pour repartir avec son père…
Une dizaine d’années plus tard, Olohounto, devenue une jeune et jolie fille, est pétillante et bien dans sa peau.
Quand on la questionne sur son avenir, elle répond déterminée : je serai enseignante !

2) Judith
Judith est malentendante.
Pendant toute sa scolarité, elle a fréquenté l’enseignement ordinaire jusqu’à l’obtention du Bac.
Elle souhaitait poursuivre sur les bancs de l’Université, mais son audition s’étant gravement et irrémédiablement altérée, elle a dû renoncer à ce projet…
Ayant exposé sa situation aux responsables du centre, et puisque le besoin se faisait, progressivement, sentir de répondre à certains types de problèmes que rencontrent les adolescents et auxquels l’équipe actuelle ne pouvait faire face, proposition lui a été faite de se former pour devenir assistante sociale et ainsi, assurer la transition à laquelle le centre doit faire face.
La seule voie, au Bénin, pour accéder à ce grade, serait de passer un concours. Ce qui ne sera pas aisé vu son handicap et si elle échoue (pas de possibilité de représenter l’examen), il faudrait qu’elle se tourne vers les stages ou formations courtes, au Bénin ou, mieux, à l’étranger.
Quoi qu’il arrive, l’équipe pédagogique la soutient et je comprends, qu’avec sa motivation, quelles que soient les embûches, elle soulèvera des montagnes !
E djro Maou O ! (« S’il plait à Dieu » en fongbé (langue du Bénin))



7. Conclusion

Le centre ASUNOES est un modèle réussi de l’intégration Sourd-Entendant.
Et pourtant, la réussite du projet n’était pas gagnée d’avance vu le contexte socioculturel (les réalités africaines font qu’un enfant handicapé est vécu comme le fruit d’une malédiction et est, jusqu’à présent, souvent caché), et le contexte financier (en effet, l’enfant handicapé ne pourra pas aider sa famille et ne sera jamais « bon à quelque chose », d’où le désintérêt de l’instruire) en
Afrique.
Il se trouve, pourtant, des gens qui y ont cru…
Il s’est aussi trouvé des familles pour y croire…
Des parents d’enfants sourds mais aussi des parents d’enfants entendants, qui ont, très tôt, saisi la richesse pour leurs fils et filles d’avoir un enseignement de qualité et bilingue.
Quand l’on regarde autour de soi, on ne voit que des jeunes, détendus, épanouis, s’amusant sans considération « Sourd, pas Sourd » où, comme à l’image du pays entier, l’accent est mis sur la solidarité, la fraternité.

Les élèves sourds qui sortent de l’école avec un certificat, obtiennent le même que celui des entendants : un certificat national d’Etat.
Ici, pas d’enseignement au rabais mais un enseignement pour TOUS, adapté aux spécificités des Sourds.
Bien sûr, il reste encore beaucoup de travail, de sensibilisation à faire et de moyens à trouver, mais l’essentiel y est, c’est la VOLONTE !
Et de la volonté, il en a fallu à Raymond et Florida SEKPON, les parents à l’origine de cette aventure… même si c’était à refaire, ils le referaient et consentiraient encore des sacrifices pour un tel résultat.
Alors, si à la lecture de cet article, comme je le suis, vous êtes enthousiaste : n’hésitez pas à soutenir ce projet !
En envoyant des fonds, en parrainant un élève, en proposant des projets d’échanges culturels, en instituant des partenariats ou, tout simplement, en vous inspirant de ce modèle venu d’Afrique pour en faire profiter nos populations…

Marie-Violaine Dufour
Des élèves du Centre



Dons
Tous vos dons sont les bienvenus !
Ils sont à verser sur le compte 000-0030521-63 de la Maison des Sourds de
Bruxelles avec pour communication « Don ASUNOES »

Pour le Parrainage, vous pouvez verser la somme sur le compte bancaire de la Maison des Sourds, compte N° : 000-0030521-63 avec la communication : « parrainage ASUNOES »


FRASBF/Maison des Sourds de Bruxelles
Fédération Royale des Associations des Sourds de Bruxelles et des Faubourgs
F.R.A.S.B.F. Asbl
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