ASUNOES



ASUNOES : Un modèle réussi d’intégration et d’épanouissement…

Cet article est disponible dans son intégralité en format PDF ou en format HTML


Le centre ASUNOES est un modèle réussi de l’intégration Sourd-Entendant.
Et pourtant, la réussite du projet n’était pas gagnée d’avance vu le contexte socioculturel (les réalités africaines font qu’un enfant handicapé est vécu comme le fruit d’une malédiction et est, jusqu’à présent, souvent caché), et le contexte financier (en effet, l’enfant handicapé ne pourra pas aider sa famille et ne sera jamais « bon à quelque chose », d’où le désintérêt de l’instruire) en Afrique.
Il se trouve, pourtant, des gens qui y ont cru…
Il s’est aussi trouvé des familles pour y croire…
Des parents d’enfants sourds mais aussi des parents d’enfants entendants, qui ont, très tôt, saisi la richesse pour leurs fils et filles d’avoir un enseignement de qualité et bilingue.
Quand l’on regarde autour de soi, on ne voit que des jeunes, détendus, épanouis, s’amusant sans considération « Sourd, pas Sourd » où, comme à l’image du pays entier, l’accent est mis sur la solidarité, la fraternité.

Les élèves sourds qui sortent de l’école avec un certificat, obtiennent le même que celui des entendants : un certificat national d’Etat.
Ici, pas d’enseignement au rabais mais un enseignement pour TOUS, adapté aux spécificités des Sourds.
Bien sûr, il reste encore beaucoup de travail, de sensibilisation à faire et de moyens à trouver, mais l’essentiel y est, c’est la VOLONTE !
Et de la volonté, il en a fallu à Raymond et Florida SEKPON, les parents à l’origine de cette aventure… même si c’était à refaire, ils le referaient et consentiraient encore des sacrifices pour un tel résultat.





Présentation
L’école, devenue un centre d’accueil et d’intégration pour Sourds, est située à LOUHO, dans un village à environ 3 kilomètres du centre de PORTO-NOVO.
Elle a, aujourd’hui, un effectif de 277 élèves dont la moitié sont des déficients auditifs. En effet, cet établissement pratique « l’intégration » c'est-à-dire qu’il rassemble Sourds et Entendants dans une même classe bilingue (Français-Langue des Signes), et ce, dès la première année du primaire.
Les enseignants sont au nombre de treize pour l’ensemble des classes.
Tout le personnel est formé sur place à la Langue des Signes (A.S.L.).

Il s’agit du seul centre qui dispose d’un enseignement secondaire pour Sourds dans tout le Bénin et dans la sous-région (Afrique de l’Ouest).
Le Centre intègre, dans la formation des élèves, des activités professionnelles.


Difficultés
Les difficultés sont, avant tout et surtout, d’ordre financier.
Le centre est une initiative privée et ne perçoit aucun subside de l’Etat.
Il doit donc pourvoir à ses besoins (frais de fonctionnement, salaire, infrastructure…) et à ceux de ses élèves (logement, nourriture, matériel).
Il fait face aux besoins par ordre de priorité et au gré des financements.
Ce qui rend la vue globale (nécessaire à tout projet) difficile et moins efficiente.
Pour parvenir à trouver des ressources, la direction fait appel aux partenariats, aux dons et, aussi, aux collaborations.
Vos dons pour ASUNOES seront les bienvenus, ainsi que toutes propositions de partenariats et/ou collaborations (contactez Monsieur SEKPON : sekpon_raymond@yahoo.fr ).
Les activités professionnelles, proposées dans le centre, sont, également, une source génératrice de revenus.
Enfin, le parrainage des enfants sourds permet la prise en charge totale d’un enfant pour une année scolaire.
Le Directeur a estimé à 250€ le coût annuel pour un élève du primaire et à 325€ pour un élève du secondaire.
D’autre part, la sensibilisation continue, auprès des parents, afin de faire prendre conscience de l’intérêt de scolariser ces enfants sourds et par là, de les inciter à s’acquitter des cotisations dues.
Sur le plan de l’encadrement, l’école souffre d’un manque d’enseignants. En effet, par rapport au nombre de classes, il faudrait plus de professeurs.
Les cours de remédiation scolaires sont difficiles à organiser.
La direction fait un effort particulier pour payer les enseignants pendant la période de congés scolaires afin de maintenir une équipe pédagogique stable et motivée.
D’ailleurs, avec la progression des élèves, certains, proches de l’obtention du
BAC, seront amenés à renforcer l’effectif des professeurs, parmi lesquels des
Sourds enseignant en Langue des Signes.
La maturation des enfants en adolescents et jeunes adultes n’est pas sans poser des problèmes. Les jeunes traversent des périodes délicates : la puberté et ses manifestations, les difficultés liées au choix de l’orientation, etc. Tout cela, le staff actuel ne peut y faire face.
Le centre a donc besoin d’un travailleur social. C’est pourquoi, dès la rentrée prochaine, une étudiante malentendante sera formée pour devenir assistante sociale et elle sera chargée du volet social du centre.

Pour les difficultés d’ordre environnemental, il s’agit essentiellement des problèmes liés aux moustiques (le Paludisme).
La meilleure protection est et reste l’utilisation de la moustiquaire imprégnée.
Toutefois, une fois malade, il existe des médicaments efficaces, sur place, mais fort coûteux (par ex. Alfan).
Le centre a besoin d’une aide financière pour l’achat de moustiquaires pour protéger les enfants pensionnaires du paludisme.


Perspectives
Ce centre, ayant pour objectif principal l’épanouissement des Sourds doit encore mettre en oeuvre plusieurs stratégies pour y parvenir.

Les perspectives fixées, à court terme, sont :

-Accompagnement des élèves sourds pour l’obtention du Baccalauréat ;
-Renforcement des travaux dirigés (rattrapage) pour les élèves, en cours d’année ;
-Formations continuées, pour les enseignants, pendant les vacances scolaires ;
-Promotion du métier d’enseignant auprès des Sourds ;
-Production d’outils pédagogiques spécifiques pour l’apprentissage des élèves sourds afin d’améliorer leur perception de la matière apprise ;
-Soutien des élèves capables et désireux de le faire, d’aller jusqu'à l’université avec l’aide d’un camarade entendant de sa classe ;
-Insertion professionnelle des jeunes en fin de formation ;
-Renforcement des collaborations et échanges pédagogiques ;
-Poursuite du parrainage des enfants sourds ;
-Poursuite et développement des échanges culturels et artistiques, faisant suite à leur représentation en France (voir photo) ;
-Soutien à la formation et aux stages qualifiants ;
-Ouverture à l’apprentissage de la Langue des Signes Belge.




Si à la lecture de cet article, vous êtes enthousiaste : n’hésitez pas à soutenir ce projet !
En envoyant des fonds, en parrainant un élève, en proposant des projets d’échanges culturels, en instituant des partenariats ou, tout simplement, en vous inspirant de ce modèle venu d’Afrique pour en faire profiter nos populations…




Marie-Violaine Dufour



.